Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'Univers de Canelle
Visiteurs
Depuis la création 172 472
Derniers commentaires
Archives
28 octobre 2005

Envol...

envol

Voilà un petit topo que j'ai écrit, en dilettante, pour me confronter à ma peur de l'écriture. Ceci est ma première "oeuvre" face à une page blanche... soyez indulgents !
(oeuvre, bien grand mot ! Plutôt "essai" dirons-nous.)

__________



ENVOL.....

Un jour, elle en eut assez, assez de cette vie qui ne lui apportait plus rien. Cette vie, vide du principal, vide de ce qui fait grandir, vide de ce qui fait avancer, vide de tendresse, vide de câlins, vide de caresses, vide de regards, vide de mots qui réconfortent... vide d'amour, vide d'intérêts, vide de passions, vide d'envies, vide d'attentions, vide, vide, vide.... de tout.

Pourtant, elle avait tout pour être heureuse. De quoi se plaignait-elle ?

Bientôt la cinquantaine, mariée depuis trois décennies, elle était propriétaire de belles maisons, de belles voitures, avait une belle position sociale, était entourée de beaux enfants et de petits-enfants qui la ravissaient tour à tour.

Elle avait même un mari... oui parlons-en du mari ! bel homme, bien conservé pour son âge, altier, fier, attirant, courageux, travailleur, ne lésinant pas pour se donner à fond au travail, irréprochable mais... machiste et jaloux à souhait. Tant et si bien, qu'il avait finit, imperceptiblement, mais sûrement, par édifier autour d'elle comme une cage dorée, devenue sa prison, au fil des jours, au fil du temps.

Petit à petit, elle s'était renfermée sur elle même, ne voyait plus personne en dehors de ses collègues de travail. Elle avait même finit par mettre de coté ce qui étaient ses passions, entre autre, la peinture, puisque même ce plaisir, elle ne pouvait plus l'assouvir, comme tout ce qu'elle aimait d'ailleurs, puisque cela dérangeait Monsieur son mari, comme tout le reste. Elle s'était aussi désintéressée d'elle-même. Elle était, petit à petit, à sa manière, entrain de s'effacer à grands coups de gommes de cette vie qui l'étouffait, pour ne plus exister, pour ne plus le voir, pour ne plus le sentir la toucher, pour ne plus entendre ses remarques, son sarcasme, ses critiques à l'encontre de ses enfants, de sa famille, de ses amis, d'elle-même. En peu de temps, d'ennui, de chagrin et de désespoir, elle s'était laissée aller, s'était enrobée d'une vingtaine de kilos qui la rendaient malheureuse ; mais quelle importance !.... plaire à qui maintenant ? Vu son âge en plus ! Il lui disait souvent d'ailleurs : "tu t'es vue ? même si tu voulais divorcer, qui voudrait de toi maintenant ? Regardes-toi !"

De jour en jour, de mois en mois, d'année en année, elle s'était résolue à ne plus rien dire, à ne plus riposter pour protéger ses enfants, puis plus tard, aussi ses petits-enfants. Chaque fête de famille tournait au drame irrémédiablement puis finissait en dispute et en pleurs. Même ses propres enfants, il les avait éloignés d'elle. C'était lui le patron ! C'était lui le chef ! Il avait dit ! Il avait fait ! Après cela, il n'y avait plus rien à rajouter, au risque de voir tout dégénérer. Ses enfants, blasés de cette situation, finissaient par ne plus vouloir passer à la maison, et les très rares fois où ils faisaient l'effort de revenir, c'était toujours pour leur maman, pas pour lui. Ils avaient fini par le détester ce patriarche qui se nourrissait de sa fierté mal placée, au détriment des siens.

Puis un jour, elle prit la décision de demander sa retraite, elle y avait droit, ce qu'elle fit, pensant que cela arrangerait la situation, que cela la rapprocherait de son mari. Elle s'était dit qu'elle pourrait se reprendre en mains, qu'elle aurait plus de temps pour être disponible pour lui, pour se préparer et se faire belle pour cet homme pour qui elle était devenue indifférente. Quelle idée saugrenue ! Puisqu'à partir de ce moment-là, il devint encore plus odieux, plus suspicieux. Pourquoi tout d'un coup, cette femme qu'il ne "voyait" plus, redevenait belle, se remaquillait à nouveau, se vêtissait encore plus sexy qu'avant, en un mot redevenait "femme" ? Il ne comprenait plus, elle était à la maison et donc pourquoi éprouvait-elle le besoin de s'habiller et pour qui ? pourquoi était-elle si belle le soir quand il arrivait ? pour qui avait-elle perdu 20 kilos en si peu de temps ? pour qui mettait-elle des bas-jarretière ? Tout cela était suspect ! Cela ne pouvait pas être pour lui ! Elle devait avoir un amant. Il en était sûr ! Voilà, c'était cela, elle avait un amant, voire plusieurs. Elle le trompait.

Non, simplement elle avait fini par réagir, se disant qu'elle pouvait encore plaire, qu'elle pouvait reperdre les kilos pris pendant son mal-être. Mais cette fois, c'était pour elle qu'elle faisait tout cela, rien que pour elle et pour plus personne d'autre qu'elle. Plus ou moins inconsciemment, elle venait de prendre la décision de vivre pour elle, ce qu'elle n'avait plus fait depuis le jour de son mariage. Elle avait consacré toute sa vie aux siens et aux autres sans jamais penser à elle. Elle était bonne mère de famille, bonne grand-mère, bonne épouse, bonne femme au foyer, bonne employée, bonne voisine, respectée et aimée de tous. Trop bonne... Elle avait décidé de mettre un terme à tout cela. Elle ne savait pas comment, mais trouverait une solution un jour ou l'autre.

Puis, pour pallier à son ennui qui était de plus en plus pesant, lui vint l'envie de s'équiper d'un ordinateur. Elle arriva à décider son mari tant bien que mal qui finit par céder puis par accepter d'acheter cet appareil, bien qu'il n'en voyait vraiment pas l'utilité. Au fil des jours, elle se rendit compte en lisant les publicités diverses relatives à Internet, qu'il était possible, en s'y abonnant, de "tchatter" sur divers sites et dialoguer avec des personnes pour s'y faire des amis. Elle réussit aussi à lui faire valoir les bienfaits du Net pour tout un tas de choses plus diverses les unes que les autres, tout en se gardant bien de lui avouer que c'était surtout pour pouvoir discuter avec d'"autres" puisque privée de tout contact depuis plusieurs mois.

Pendant quelques jours, elle découvrit Internet, en surfant d'un lien à l'autre, puis timidement, comme si elle commettait un péché, elle s'inscrivit dans divers tchats à la recherche de... quoi au juste ? Elle ne le savait pas elle-même. Elle découvrait avec étonnement tous ces salons de tchatteurs qui la faisaient frémir de peur, dès qu'un contact s'adressait à elle. Elle ne répondait à personne, ni par écrit, ni au vocal. Et pourtant, elle en mourait d'envie de parler, mais parler à qui ? Parler de quoi ? De sa vie "morte" ? Qui cela intéresserait-il, qui ? Personne évidemment ! Elle resta donc silencieuse, dans son coin, juste à écouter ces voix d'inconnus qui lui nourrissaient l'esprit. Elle se mit à surfer d'un site à l'autre, d'un salon de tchat à un autre, et immanquablement, elle fut attirée à plusieurs reprises sur un site sur lequel elle se sentait bien, rapport à la convivialité des participants. C'était un site où les gens discutaient au vocal, sans prises de tête, sans insultes..... Cette voix ! Oui voilà, c'est cette voix qu'elle entendait régulièrement qui la faisait revenir, qui l'attirait comme un aimant, qui la troublait au plus profond d'elle ; une voix tendre, sensuelle, toujours calme, cette voix rassurante, celle d'un homme. Cet homme rempli d'humour, charmeur, intéressant, que l'on écoutait avec plaisir quand il parlait de ses passions. Puis, de jour en jour, elle venait s'installer systématiquement sur ce salon de tchat, attendant la connexion de cet homme inconnu avec qui elle n'avait encore échangé aucun mot, juste un bonjour et un bonsoir général en arrivant et en repartant, refusant toujours, tous les messages personnels qu'elle recevait de l'un et l'autre.

Tous les jours, elle venait là pour se repaître de cette voix, elle en avait besoin. Mais sa présence régulière sur le site finit par intriguer les habitués du salon, dont cet homme, qui essayait en vain toujours très espectueusement, de lui envoyer des messages, mais qu'elle refusait systématiquement sans y répondre.

Jusqu'au jour où elle prit la décision de Lui répondre, à Lui, tout simplement à Lui, les autres l'indifféraient. Son message, elle s'en rappelle encore : "Je peux...?" et elle tout simplement de Lui répondre : "oui". Là, son coeur se mit à battre la chamade, elle eut une montée de chaleur,d'angoisse, de plaisir, de peur, ses tempes résonnaient dans sa tête tel un tambourin, au rythme de son coeur emballé. Tout était confus dans son esprit. Elle venait de parler à un Inconnu, de Lui répondre oui à un "je peux ?" ; mais oui à quoi au juste ? Elle fut prise de panique, face à cet écran qui lui envoyait les message de cet Homme et auquel elle répondait.

Là, venait de naître une grande histoire d'amitié, qui se transforma au fil des jours en une histoire où l'un ne peut se passer de la présence de l'autre. Tous les jours, ils venaient se rejoindre sur ce petit coin de paradis, pour se parler, et ceci, pendant des semaines, des mois..... jusqu'au moment fatidique où elle décida pour de bon de sortir de sa prison, de se libérer du carcan de son mari, pour prendre un nouvel envol.... son envol vers la tendresse, vers les caresses, vers les baisers, vers des bras qui l'attendaient pour la serrer, pour la protéger, pour prendre soin d'elle, pour la choyer, vers des yeux qui sauraient la voir telle qu'elle est, et l'aimer pour ce qu'elle est ; tout simplement elle prenait son envol vers l'amour....

...vers... "Son Amour".

canelle

28.10.2005

Publicité
Commentaires
L'Univers de Canelle
Publicité
L'Univers de Canelle
  • LITTÉRATURE (poème, nouvelle, acrostiche, haïku, texte à contraintes, hommage, tranche de vie, chanson), ARTS (nus, peinture, nature morte, dessin, sculpture, croquis, huile, pastel, sanguine, sépia), GERBILLES et OCTODONS,
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Météo VILLENEUVE LA RIVIERE 66610
Pages
Publicité